• Questions sur l'utilisation de la morphine en centre hôspitalier :

     

           Notre TPE portant sur la morphine nous a amené à nous interroger sur son utilisation en milieu hospitalier : cela nous a ainsi amené à obtenir le témoignage d'un professionnel de la santé pour obtenir un avis médical sur son utilisation en hôpital.

    Entrevue avec une infirmière spécialisée dans la douleur à l'hôpital de Quimperlé :

     

    • Qui dans un hôpital manipuler la morphine ?

     

    « C'est sous prescription médicale puisque la morphine est un médicament, après c'est aussi considéré comme un stupéfiant donc c'est garder dans les salles de soins sous coffre sous clef. Il y a une donation par unité, par service. Donc quand on utilise un comprimé ou une ampoule de morphine, il faut donner l'identité de la personne, le lieu de placement, la date, l'heure où elle sera administrée, signée ; on redescend à la pharmacie pour tamponner. Il y a une législation bien précise pour l'utilisation de la morphine au niveau hospitalier. Il y a aussi des ordonnances sécurisées pour les patients administrés ou qui doivent prendre de la morphine.

     

     

    • Dans quels cas utilisez-vous la morphine ?

     

    Alors il y a différentes possibilités d'utiliser la morphine. On l'utilise suivant différents modes d'administration et suivant le seuil de douleur :

    par voie orale, intraveineuse, sous-cutané, et par patch.

    On l'utilise dans les douleurs aigües, mais aussi dans les douleurs chroniques, et les douleurs cancéreuses.

     

     

    • Est-elle utile sur toutes les formes de douleur ?

     

    Alors elle est utilisée pour les douleurs aigües et les douleurs chroniques. Il faut savoir que la morphine ne marche pas pour les douleurs neuropathiques (ce sont les douleurs provoquées par l'abimement d'un nerf, ce qui entraîne une modification de la sensibilité : cela peut être un nerf au niveau du poignet par exemple, lié à divers éléments comme une petite traumatologie, à une amputation, accident vasculaire cérébral par exemple), et sur toutes ces douleurs là la morphine ne marcheras pas, on donnera plutôt des antiépileptiques pour pas prendre de risques.

    Et une note très particulière disant que 40% des douleurs neuropathiques ne sont pas étiquetés et qui ne sont pas reconnus et pas répertoriés : la morphine devient donc un médicament inapproprié pour traiter certains cas.

     

     

    • Quels sont les dosages pour les différents types de patient et de douleur ?

     

    Il n'y a pas de dosage type : celui-ci va dépendre de l'âge, du poids.

    Généralement c'est 100 mL : 2 fois pendant tout le dosage en contrôle médicaux et chirurgicaux. Sinon, il faut se méfier des morphines chez les gens âgées parce que ça peut provoquer des désorientations et beaucoup d'autres effets secondaires comme des constipations. C'est pourquoi on leur donne des petites doses, ils commencent toujours avec des petites doses puis augmentent ensuite si il y a besoin. En fait il faut tester en sécurité le seuil le plus bas pour être sûr.

    Chaque personne est différente, c'est pourquoi chacun n'aura pas la même posologie, le même traitement et je vais faire un test, pour tester son seuil de résistance à la douleur.

     

     

    • Sous quelles formes l'utilisez-vous  le plus ?

     

    Alors il n'y a pas vraiment de pré-indications pour l'usage de la morphine, cela va dépendre de la sensibilité du patient. On va commencer par tester son seuil de douleur, et on va tester la molécule avec lequel il réagira le mieux. C'est pour cela qu'on a un mode d'utilisation qu'on pourrait caractériser « en échelon » :

    on commencera toujours par la voie orale, c'est là qu'il y a le moins d'effets secondaires. C'est plus facile à administrer bien-sur, c'est le moins compliqué...

     

     

    • Pour un traitement sur le long terme, laissez vous le patient gérer lui-même la morphine où est-il étroitement suivit pour cela ?

     

    Alors, Oui chez les patients qui sont sous morphine, c'est-à-dire aux corticoïdes où ça fait mal, je propose aux patients qui ont la capacité de comprendre quoi je modifie, pourquoi on la donne, quels sont les douleurs... à la maison ils peuvent très bien gérer leur traitement sous morphine : en prenant des Skénan tous les jours par exemple, à condition qu'ils n'en prennent pas trop et qu'ils ne soient pas en surdosage (ce qui provoquerait des petites somnolences ou des dépendances), mais il n'y a pas de contre-indication d'utiliser la morphine.  Certains ont ainsi pu toucher à la morphine pour un mois par exemple. Pour cela, ils ont bien-sûr des ordonnances sécurisées (envoyés par mail).

     

     

    • Utilisez-vous d'autres formes d’antidouleur ?

     

    Ah oui ! Déjà il faut savoir qu'il y a trois paliers d'antalgiques.

    Pour le palier 1, c'est-à-dire pour une douleur ressentie entre 1 et 3 (sur une échelle de 10) : on va donner du doliprane.

    Au deuxième palier, entre 3 et 5, on va donner de la morphine c'est-à-dire du tramadol, de l'efferalgan codéiné, du Codoliprane, Ixprim, Contramal ...

    Et pour le palier 3 (entre 5 et 10), on prescrit des patchs analgésiques, Oxycontin, Oxynorme, Skenan, Actiskenan, Antispasmodiques, etc.

    Ça va dépendre des évaluations de la douleur. On va donner d'entré de jeu les analgésiques les plus forts alors que le patient ne souffre pas.

    Il faut surtout pas qu'il soit sous dosé parce que ça ne servirai à rien, il faut toujours qu'il soit bien soigné. On peut donner tout élément médicamenteux : c'est à dire le chaud, le froid, la sophrologie, l'hypnose, l'acuponcture, l’ostéopathie, ... puis tout ce qui est atèle aussi (diminue la douleur).

    Donc la douleur c'est pas forcément traité que par des médicaments, c'est aussi tout un ensemble. Il peut y avoir un suivi psychologique dans la douleur chronique; il aura son traitement certes, mais ça va peut-être pas lui suffire puisque derrière il y aura sans doute une souffrance psychologique … voir même un psychiatre...

     

    (trouvaille personnelle : aller sur http://www.antalvite.fr/pdf/medicaments.pdf pour voir les différents analgésiques possibles suivant les paliers).

     

     

    • Avez-vous des doutes personnels sur l'usage de la morphine ?

     

    Alors, déjà on va pas systématiquement utiliser la morphine, on va commencer comme je vous le disais tout à l'heure par les paliers 1 et 2. La morphine intervient vraiment que dans une douleur vraiment rebelle, avec une douleur aigüe, l'invivable, avec des épisodes douloureux dans la journée, des douleurs cancéreuses (là c'est sur que ce sera la morphine qui sera utilisée).

    Comme je le disais tout à l'heure aussi, on utilise la morphine grâce à des pompes, où le patient peut s'administrer lui-même avec une petite « poire », tout ça est sécurisé bien-sur : il ne peut pas dépasser une certaine dose de morphine...

    Avant on avait peur de la morphine parce qu'on la connaissait mal, maintenant c'est plus le cas : les médecins n'ont plus peur d'utiliser la morphine, il y a moins de doutes. On passe d'un patch à une injection, ou d'une injection à une ampoule, il y a des équivalents des usages et des origines. Avant la morphine faisait peur, maintenant non. Ça commence à rentrer dans les mœurs qu'il ne faut pas en avoir peur ; bien-sur il faut qu'il soit bien surveillé, bien sécurisé. De plus, on a un antidote qui est le Narcan au cas où un patient est en surdosage, le Narcan s'injecte dans l’intraveineux. Il permet d'éviter une somnolence, une complication respiratoire : conséquence du surdosage de la morphine.

     

     

    • Qu'est-ce qui est légal ou illégale dans l'usage de la morphine ?

     

    Alors nous en tant que soignant, on ne peut pas introduire la morphine sans prescription médicale (sans posologie, sans voie d'administration) → c'est un médicament. Comme je l'ai dis tout à l'heure c'est le suivi, on suit la réglementation puisque c'est un patient, c'est sécurisé, galvaudé.

    Il y a une étape à codifier pour une addiction c'est sur, il peut y avoir des patients qui sont suivis. C'est sur qu'il faut faire attention qu'il n'y est pas de dépendance qui s'installe, donc c'est à nous d'être très vigilant. C'est pas parce qu'un patient a été toxicomane qu'il n'a pas le doit d'avoir de la morphine. On peut d'ailleurs leur donner du Subutex (dérivé morphinique) lors de leur sevrage pour pas qu'ils soient en état de manque. Mais il arrive qu'on ait des patients sous Subutex qui arrivent avec des douleurs, et la question médicale qui se pose alors c'est doit-on lui donner de la morphine ? On peut l'introduire mais il faut bien sur être vigilant. On a déjà eu des patients qui étaient sous Subutex et en sevrage mais qui demandaient de la morphine parce qu'ils avaient une douleur aigüe.

    Après il faut trouver le bon dosage pour ne pas être entraîner une dépendance.

     

     

    • Avez-vous connu des effets secondaires chez des patients suite à l'utilisation de morphine ?

       

    Ah tout le temps !

    Dans les effets secondaires, on en a qui ne sont pas très embêtant, c'est-à-dire des somnolences (il faut alors diminuer la quantité de morphine injectée, le dosage), il peut y avoir des démangeaisons, des problèmes respiratoires comme chez les personnes âgées, confusions, agitations, constipations (on leur donne des laxatifs et on modifie le régime alimentaire systématiquement puisque les gens sont souvent constipés).

    Il y a donc les effets secondaires embêtants au quotidien qui ne sont pas dangereux, et puis les effets secondaires qui peuvent être plus dangereux (type somnolence, complications respiratoires...).

     

     

    • et des cas de dépendances ?

     

    Très rarement. On reste vigilant quand même mais c'est très rarement. On a vu ça avec un médicament qui s'appelle l'ACTIQ (antalgique apparenté à la morphine) qu'on utilisait contre les douleurs cancéreuses. Il a été décrit quelques cas de dépendances, c'est un nouveau médicament dont on ne peut peut-être pas assurer la molécule. Mais ça été décrit quand même comme une thérapie.

    Donc il faut rester vigilant pour surveiller les patients !

     


     

    Pour + d'infos :

    aller sur les sites des laboratoires Sanofi, du CNRD (Centre National de Ressources de lutte contre la Douleur), de l'institut UPSA de la douleur, la SFETD (Société Française d'Etude et de Traitement de la Douleur), la fondation APICIL.

     


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              Par conséquent, nous avons pu observer dans ces deux premières parties comment la morphine agissait dans le corps humain, et comment elle engendrait ses conséquences biologiques. Cependant, soucieux d'en savoir plus sur son utilisation et sur les éventuels cas de dépendances qui y seraient liés, nous nous sommes rendu à l'hôpital de Quimperlé pour interroger une infirmière.

    Qu'en avons nous retenu ?

     

    • L'usage de la morphine est très réglementée;

    • elle n'est utilisée que pour les douleurs les plus fortes ou récalcitrantes aux autres antalgiques;

    • néanmoins, elle peut parfois se montrer inutile pour certaines douleurs;

    • tout est une question de dosage !

    • il y a une possibilité d'autonomie pour l'utilisation de la morphine par le patient chez lui, mais il reste TRES encadré (réglementation pointilleuse);

    • Cependant il existe de nombreuses autres formes d'antalgiques (qui varient selon les paliers);

    • Les mœurs et les mentalités ont évolués : les gens ont moins peur de la morphine,

      cependant, le risque 0 n'existe pas!

    • Les effets secondaires liés à son ulisation sont très réguliers (mais sans gravité); toutefois, les cas d'addictions sont très rares car il y a un contrôle rigoureux.

     


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